· 

Ténérife, mon séjour 100 % rando

Texte et photographies : François

Matériel photo : Canon EOS 750D + objectif EF-S 17-55 mm F/2.8

 

tenerife

 

Il y a un mois, je me suis rendu sur l'île de Ténérife (Canaries, Espagne). J'y étais déjà allé en 2016, en compagnie de Marjorie, pour un séjour au cours duquel nous avions fait "un peu de tout" histoire de découvrir les différentes facettes de l'île. Cette fois-ci, j'ai voulu en approfondir la visite des trois parcs naturels : Parque Nacional del Teide, Parque Rural de Anaga et Parque Rural de TenoJe me suis donc lancé dans un séjour 100 % rando qui s'est étalé du dimanche 7 au mercredi 17 avril. Et si l'île n'est pas très joliment urbanisée, particulièrement au Sud, d'admettre que dès lors que l'on franchit les frontières de ces parcs, on se retrouve dans des paysages à couper le souffle ! 

Dans cet article, je vous livre les détails de mon programme. De part la déconnexion totale que j'ai vécue en pleine nature pendant neuf jours, je ferai la part belle à la géologie (avec aussi un peu de faune et de flore). Enfin, en bas de page, comme j'en ai maintenant l'habitude, je vous donnerai quelques infos pratiques sur la façon dont j'ai organisé ce voyage (en espérant que cela vous aide à organiser le vôtre). Alors, en marche ?

 

J1 - Celui où je retrouve un vieux copain

 

Pour mon premier jour sur l'île, je me suis réveillé dans un petit bungalow en bois au camping de la Montaña Roja. En effet, étant arrivé tard la veille à l'aéroport Sud (TFS, Reina Sofia), j'ai voulu passer une première nuit le plus près possible de l'aéroport pour me donner du temps. J'ai aussi choisi du coup de faire ma première rando dans ce secteur, en matinée, en me rendant à Adeje pour faire le Barranco del Infierno (ravin de l'enfer, voir carte).

Si vous voulez ajouter cette rando à votre propre programme, sachez qu'il est indispensable de réserver à l'avance (https://www.barrancodelinfierno.es/). En effet, seuls 300 visiteurs sont acceptés par jour pour protéger le site. Par ailleurs, un accident mortel étant survenu il y a quelques années, une société privée a depuis effectué des travaux de sécurisation du sentier. Par conséquent, l'entrée est maintenant payante (8,50 Euros à régler au moment de la réservation) et le port du casque est strictement obligatoire (équipement fourni à votre arrivée). Pour le reste, cette petite randonnée sans difficulté est agréable et fait passer le long de canaux d'irrigation, au milieu des cactus, puis d'un petit cours d'eau coincé entre des falaises abruptes avant d'atteindre  une jolie cascade dévalant de la montagne sur plusieurs étages. Une bonne mise en jambe ! 

 

Barranco del Infierno

 

Puis, après un bon repas au restaurant Otelo situé à la sortie du sentier, j'ai consacré l'après-midi à rouler vers le Nord de l'île pour y trouver mon logement pour la semaine. Pour cela, j'ai emprunté de suite la plus belle route de l'île : la TF-21 traversant de part en part le Parc National du Teide. Quelle joie lorsque je me suis retrouvé pour la deuxième fois face à ce volcan incroyable. Je me suis senti comme un gamin tout excité par ces retrouvailles et je crois que j'ai su de suite que j'allais passer des vacances exceptionnelles. Petit arrêt photo sur le bord de la route pour immortaliser l'instant puis je suis allé marcher à la Boca Tauce dans l'immense champ de lave généré par l'éruption de 1798. Laves tortueuses noires et pins canariens pour une entame de séjour au sommet ! 

 

teide

Mes retrouvailles avec le Teide

Le champ de lave de la Boca Tauce

 

***

 

J2 - L'ascension du Guajara depuis le Parador Nacional

 

Le deuxième jour, je me suis réveillé de bonne heure, pressé de démarrer les grosses randonnées. Je suis retourné d'emblée dans le Parc National du Teide (pour voir si le volcan était toujours là ?). J'ai pour cela pris la route TF-21 au départ de Puerto de la Cruz. Je suis passé par La Orotava avant d'emprunter les lacets traversant la forêt et montant jusqu'au centre des visiteurs El Portillo.  Pour une première visite, marquez-y un arrêt pour prendre toutes les informations utiles (météo, carte des sentiers, petites expositions sur la géologie, la faune, la flore...). Je me suis finalement garé au Parador Nacional (nombreux parkings) d'où j'ai entrepris de gravir l'un des trois sommets de l'île : le Guajara.

Pour comprendre la morphologie du parc national, il faut savoir que Ténérife a autrefois abrité un volcan bien plus gros que ne l'est le Teide aujourd'hui. Un jour, ce volcan s'est effondré sur lui-même créant une vaste dépression circulaire (= caldeira). C'est le rebord de cette dépression qui marque la limite extérieure du parc. Lors de la reprise de l'activité volcanique, un nouveau volcan a "poussé" au centre de la caldeira, formant le Teide, suivi d'une multitude d'autres plus petits. Le Teide est donc en quelque sorte le "nouveau" volcan au centre de l'ancien. Quant au Guajara, et bien il s'agit du point culminant de la caldeira (2 718 m).

Pour le gravir, le chemin le moins difficile est celui qui le contourne par la gauche et fait monter jusqu'à la Degollada de Guajara (= col de Guajara). Puis, la seconde partie de l'ascension passe derrière la montagne et grimpe en lacets jusqu'à en atteindre le sommet. Ce n'est qu'au tout dernier moment que l'on voit alors apparaître l'une des plus belles vues sur le Teide. Au sommet, vous trouverez également les restes d'une vieille cabane en pierre (correspondant aux vestiges du premier observatoire astronomique de l'île) où une table et deux bancs en pierre constituent un endroit idéal pour un pique-nique avec vue sur le volcan à travers "la fenêtre". Pour redescendre, je vous recommande de passer par la Degollada de Ucanca ce qui vous permettra de faire une boucle. Comptez au total 5 h environ pour faire les 10 km de distance et les 600 m de dénivelé positif.

 

guajara

Vue sur le Guajara (2 718 m) depuis le Parador Nacional

teide

Vue, depuis le sommet, sur le Teide (3 718 m)

teide

Vue sur le Teide à travers la fenêtre du premier observatoire

 

Après une pause rafraîchissante à la cafétéria du Parador Nacional, j'ai repris en fin de journée l'incroyable route TF-21 qui offre de nombreuses possibilités d'arrêts. J'ai choisi d'en faire un à la Minas de San Jose où j'ai pu découvrir une vaste étendue désertique, quelque part entre le Colorado et Tatouine (mais dans une galaxie bien moins lointaine !). Idéal pour finir tranquillement la journée dans un superbe décor !

 

Minas de San Jose

 

***

 

J3 - De Vilaflor au Paisaje Lunar (Los Escurriales)

 

Pour mon troisième jour, je me suis levé à nouveau de bonne heure et suis reparti vers le Parc National du Teide que j'ai intégralement traversé par la TF-21 pour en ressortir à l'extrémité Sud. J'avais en effet repéré, avant de partir, un magnifique paysage de cheminées de fées dans le secteur de Vilaflor où j'ai décidé de me rendre. J'ai quitté la route au kilomètre 66 (présence d'un panneau) et me suis engagé sur une piste (praticable en véhicule standard) : la Pista Madre del Agua. Un peu inquiet de ne pas abîmer ma voiture, je me suis quand même garé assez vite le long de celle-ci. Si vous la manquez, une autre possibilité est de stationner dans le village même.

J'ai de suite adoré le début de ma randonnée ! Si les paysages volcaniques du parc national sont tout simplement impressionnants, il n'en demeure pas moins qu'ils sont extrêmement arides. J'ai donc eu plaisir ici à retrouver une magnifique forêt de pins (Pinus canariensis caractéristique du Parque Natural de la Corona Forestal). Et que dire des sentiers de randonnée joliment délimités par des bordures de roches volcaniques ! Un déluge de couleurs entre le vert et le jaune des aiguilles de pins, le rouge et le noir des roches, le bleu du ciel. Spécial coup de cœur !

Après un premier Paysage Lunaire (peu spectaculaire), j'ai marqué une pause pique-nique. Quel plaisir de se trouver seul en pleine nature dans un silence à peine troublé par le chant des oiseaux. Puis, j'ai repris la marche direction le deuxième Paysage Lunaire et là, WAOUH ! Ses cheminées de fées se sont formées il y a 500 000 ans. D'abord, il y eut une éruption volcanique qui projeta vers le ciel un nuage de cendres. Celui-ci fut poussé jusqu'ici par le vent. Une fois les cendres déposées, elles furent recouvertes par des roches volcaniques plus dures sous lesquelles elles se tassèrent. L'érosion sculpta alors le paysage que l'on connait aujourd'hui en éliminant les cendres plus tendres (= celles non coiffées par un chapeau protecteur) et conservant les autres. Un bel exemple d'évolution des paysages ! 

 

parque natural de la corona forestal

Au milieu des pins canariens dans le Parque Natural de la Corona Forestal

Les cheminées de fées du Paysage Lunaire

paysage lunaire

Les cheminées de fée du Paysage Lunaire

 

Je suis ensuite retourné à travers bois jusqu'à ma voiture. Si vous souhaitez faire cette randonnée, comptez environ 5 h pour parcourir la boucle de 13 km et ses 750 m de dénivelé positif (un peu moins en partant de la piste plutôt que du village).  L'heure de l'après-midi étant déjà bien avancée, j'ai dû prendre la route du retour mais quelle journée encore ! Et puis la TF-21 étant l'occasion de nombreux arrêts, j'ai choisi de terminer ma journée, comme la veille, par un dernier stop. Je me suis arrêté à Los Azulejos où j'ai pu admirer une montagne... Verte ! Pour les géologues et les curieux, il s'agit d'un cas d'hydrothermalisme : l'eau de pluie commence par s'infiltrer dans le sol puis, se rapprochant du réservoir magmatique du volcan actif, recueille des éléments chimiques issus du dégazage du magma. En remontant, elle hydrate alors les roches et permet en leur sein la formation de nouveaux cristaux comme la chlorite et l'actinote.

 

Los Azulejos

Los Azulejos

 

***

 

J4 - Le tour des Roques de Garcia

 

Pour mon quatrième jour, je suis monté une nouvelle fois dans le Parc National du Teide avec le souhait de n'y faire qu'une petite promenade pour me garder un peu de temps en fin de journée afin de préparer mes deux journées suivantes. Je me suis donc garé au Parador Nacional d'où je me suis lancé sur le sentier des Roques de Garcia (environ 2 h pour faire les 3,5 km de la boucle avec un très faible dénivelé).

Sur le plan géologique, ces "roques" sont des dykes c'est-à-dire d'anciennes cheminées d'alimentation volcanique dans lesquelles le magma a cristallisé formant des colonnes de roche qui ont ensuite été dégagées par l'érosion. Il en résulte d'imposants rochers dressés fièrement au beau milieu de la caldeira.

Dès le début de ma marche, je suis passé à coté du mythique Roque Cinchado ("Doigt de Dieu") que l'on reconnait aisément à sa base fortement érodée. Le chemin s'est ensuite poursuivi aux pieds d'autres rochers de formes et de couleurs variées. Cette randonnée m'a aussi permis de constater, en faisant un peu de "hors-piste", que le Teide est à l'origine de deux types de laves : des laves de type aa (très visqueuses qui cristallisent en croûte cassante et coupante) et des laves cordées (plus fluides et qui figent régulièrement en elles des figures de courant). Vous trouverez un bel exemple du deuxième type après avoir contourné la pointe de l'alignement en passant en contrebas d'une véritable "cascade" de lave. Impressionnant ! 

 

roque cinchado

Le Roque Cinchado face au Teide

Quelques exemples de laves cordées

 

En milieu de rando, j'ai fait mon désormais traditionnel pique-nique dans un décor de dingue et me suis rapidement fait rejoindre par un lézard puis un deuxième, un troisième... Des vrais pigeons ! En même temps, cela a été l'occasion de bien les observer et cela valait le coup : il s'agit en effet de lézards endémiques de Ténérife (Gallotia galloti) dont les mâles peuvent atteindre une taille impressionnante (surtout après avoir fini mon sandwich !) et arborent sur les cotés des belles tâches bleues.

 

gallotia galloti

Gallotia galloti

 

J'ai enfin fini mon tour des "roques" en me retrouvant face à un monument incroyable : El Catedral avec ses deux tours et surtout ses prismes de lave.

 

el catedral

El Catedral

el catedral

El Catedral

 

***

 

J5 - Où l'on grimpe au sommet du Teide

 

Depuis quatre jours que je tournais autour, il fallait bien qu'à un moment donné me prenne l'envie de grimper au sommet ! Bon, 3 718 m quand même avec, au sommet, au mois d'avril, des températures négatives la nuit et des névés... Du coup, on ne va pas parler "d'expédition" mais ce n'était pas la petite balade du dimanche non plus. C'est pourquoi j'ai décidé d'étaler ma rando sur deux jours histoire d'aller à mon rythme et de prendre du plaisir (les plus entraînés pourront envisager l'aller / retour sur la journée).

Je suis pour cela monté jusqu'à la base du volcan par ma TF-21 chérie et me suis garé sur le parking de la Montaña Blanca (au kilomètre 40,5). Au programme de cette première journée : 1 000 m de dénivelé positif pour atteindre le refuge d'altitude (Refugio Altavista, réservation obligatoire https://www.volcanoteide.com/fr/refuge_altavista).

Ma montée s'est d'abord très bien passée puisque sa première moitié est de loin la plus facile. J'ai emprunté un sentier en pente douce et au sol sablonneux fait de pierres ponces relativement claires (= Montaña Blanca). Au loin, j'ai pu m'offrir de belles vues sur la Fortaleza (partie la plus septentrionale de la caldeira). J'ai aussi eu le plaisir de passer au milieu des Huevos del Teide (= œufs du Teide). L'origine de ces grosses boules de roche n'est pas encore bien connue mais on pense qu'elles se seraient formées à partir de pierres qui auraient dévalé la pente du volcan sur une coulée de lave encore fraîche agglomérant ainsi de la matière autour d'elles. C'est au milieu de ces "oeufs" que j'ai fait mon pique-nique (bien prévoir votre nourriture si vous partez deux jours : j'avais trois sacs en plastique contenant chacun tout ce qu'il me fallait pour un repas. Possibilité de se ravitailler en eau au refuge mais prévoir de nombreuses pièces de 1 euro pour pouvoir payer au distributeur !!). La seconde partie de la montée, après le repas, s'est avérée beaucoup plus compliquée : une fois dépassé le sommet de la "montagne blanche", je me suis retrouvé dans une série interminable de lacets dans lesquels j'ai progressé plus péniblement (pente forte, souffle court lié à l'altitude...). Aussi, lorsque j'ai vu apparaître le refuge, au détour d'un dernier virage, je me suis senti tout à la fois heureux et soulagé. J'y ai passé une bonne nuit (même si je n'ai pas eu la chance d'atterrir dans le bâtiment principal mais dans une petite "annexe" encore plus isolée en compagnie de cinq slovaques. J'ai eu un peu peur sur le moment mai cela s'est merveilleusement passé :)

 

fortaleza

La Fortaleza

oeufs du teide

Les Huevos del Teide (= œufs du Teide)

montana blanca

La Montaña Blanca vue depuis le chemin du refuge

 

***

 

J6 - Lever de Soleil et tour des cratères

 

Le lendemain matin, je me suis levé tôt... très tôt : à 5 h ! Vous me croirez ou pas mais mes cinq compagnons de chambrée étaient déjà partis ! Je me suis rapidement préparé (un petit coup de lingette en guise de toilette et brossage de dents à l'eau glacée du robinet) et suis sorti du refuge. Enveloppé dans ma doudoune et éclairé par ma seule lampe frontale, je suis parti pour les 500 derniers mètres de l'ascension. Comptez environ 2 h si vous voulez atteindre le sommet avant le lever du soleil. Si vous ne possédez pas de pass pour le sommet (contingenté à 200 visiteurs par jour à partir de 9 h du matin), vous devrez absolument y être avant 9 h pour un accès libre.

Pour ce qui est du sentier, j'aurais du mal à vous le décrire puisque je l'ai donc fait dans la nuit noire ! Je peux néanmoins indiquer qu'en 1 h environ, on atteint la gare d'arrivée du téléphérique (qui pourra être une option pour redescendre). Là, on franchit un portique (qui n'est donc en accès libre qu'avant 9 h du matin). On se lance alors dans la partie terminale qui consiste en un chemin en partie pavé, avec de très fortes marches, très pentu, parfois exposé... Outch ! Mais une fois au sommet, le spectacle est magnifique : au lever du Soleil, l'ombre triangulaire du volcan s'étire jusqu'à l'horizon et on découvre une vue superbe sur toute l'île et les îles voisines le tout enveloppés dans les vapeurs sulfureuses des fumerolles. Inoubliable ! 

 

Premiers rayons de Soleil sur le Pico del Teide

fumerolle, soufre, teide, tenerife

Bouche d'une fumerolle, dans le cratère, avec ses cristaux de soufre

 

Vers 9 h, j'ai entrepris de redescendre. Pour cela, vous avez principalement trois options : reprendre le chemin par lequel vous êtes montés, redescendre en téléphérique ou faire une boucle en redescendant par le Pico Viejo. Suivant l'option choisie, vous n'arriverez pas au même endroit mais soyez rassurés : il existe dans le parc national des bus qui relient les parkings les uns aux autres. C'est donc pratique pour faire une boucle et retourner là où vous avez laissé votre voiture. Personnellement, pour prolonger le plaisir de ce qui a été sans conteste le climax de mes six jours dans le parc national, j'ai choisi de passer par le Pico Viejo.

Je suis pour cela passé au milieu des névés (ce qui a été un beau paysage de plus) puis suis descendu à travers un champ de lave spectaculaire avant de me retrouver sur le bord du cratère de ce second volcan ! De là, j'ai bifurqué vers les Roques de Garcia où se sont terminés ces deux jours de marche.

 

Passage dans les névés

pico viejo

Le cratère du Pico Viejo

 

***

 

J7 - De Afur à la Playa de Tamadite

 

Après six jours incroyables passés dans le parc national du Teide, j'ai voulu découvrir ce jour un autre parc naturel de l'île : le Parque Rural de Anaga. Celui-ci se trouve à l'extrémité Nord-Est de Ténérife, au-delà des villes de La Laguna et de Santa Cruz. Là, il constitue une zone très enclavée à laquelle il n'est possible d'accéder que par quelques rares routes très sinueuses. Il a ainsi pu conserver un coté très sauvage. Par ailleurs, cette zone retenant souvent la brume, l'air y est frais et la végétation luxuriante : une belle promesse après les décors volcaniques et désertiques du centre de l'île.

Pour m'y rendre, je suis parti de mon logement situé sur les hauteurs de Puerto de la Cruz et j'ai emprunté l'Autopista Norte vers l'Est. Un peu après La Laguna, j'ai quitté l'autoroute en suivant les directions "Anaga" puis "Las Mercedes". Une fois ce village franchi, on entre dans le parc naturel. Pour une première visite, je vous conseille de marquer un arrêt au centre des visiteurs de Cruz del Carmen où vous pourrez prendre tous renseignements utiles. Pour ma part, j'ai poussé ma route jusqu'au village de Afur où je me suis garé non loin de l'église. De là, je me suis engagé sur le chemin de randonnée conduisant à la Playa de Tamadite puis à Taganana.

 

afur

L'église de Afur

 

Ma marche a débuté en descendant vers le Barranco de Afur. En chemin, j'ai croisé de beaux filons de roches volcaniques cristallisées en prismes. Une fois au fond du ravin, j'ai longé un petit cours d'eau le long duquel les filons formaient des barrages naturelles retenant des piscines débordant en cascades. Un cadre enchanteur et si différent de ceux des jours précédents ! Au niveau de la végétation, j'ai retrouvé, comme dans le Barranco del Infierno, une grande diversité de cactus. J'ai aussi apprécié l'aménagement du sentier avec ses passerelles et escaliers en bois. Au bout du chemin, j'ai atteint la Playa de Tamadite, plage de sable noir sur laquelle quelques personnes étaient installées semble-t-il pour y séjourner quelques temps. Ambiance hippie du bout du monde ! J'en ai profité pour pique-niquer.

 

barranco de afur

Cascade au fond du Barranco de Afur

Cactus le long du chemin

playa de tamadite

L'arrivée à la Playa de Tamadite

 

L'après-midi, j'ai ensuite marché au sommet des falaises en direction du village de Taganana. Tout le long, j'ai pu profiter de belles vues sur la côte déchiquetée. En arrivant au village, vous pourrez soit faire demi-tour, soit revenir en formant une boucle (itinéraire 56 du guide Rother de randonnée). Dans ce dernier cas, comptez environ 5 h au total pour parcourir les 12 km et 800 m de dénivelé positif de la boucle.

 

de la playa de tamadite a taganana, tenerife

Le littoral entre la Playa de Tamadite et Taganana

 

***

 

J8 - Les brumes de l'Anaga

 

Pour mon huitième jour, j'ai choisi de me rendre à nouveau à Taganana mais, cette fois-ci, en coupant à travers la forêt. Je me suis rendu pour cela à la Casa Forestal (située le long de la route TF-12 quelques kilomètres après le centre des visiteurs Cruz del Carmen) où je me suis garé. Si vous prévoyez cette randonnée, soyez informés que la forêt du massif de l'Anaga est fraîche et très humide : n'oubliez pas votre vêtement de pluie !

Dès le début du sentier, le charme a immédiatement opéré. Les branches des lauriers se sont courbées formant comme un tunnel de végétation. Ambiance féerique garantie ! Si vous avez la chance de faire cette rando par temps de brume, cela ajoute encore un peu plus de mystère : vous avancerez dans un silence à peine troublé par le chant des oiseaux enveloppés dans cette atmosphère cotonneuse. Impossible d'imaginer alors que l'on se trouve à seulement quelques heures de voiture des paysages désertiques du Teide ! En cours de descente, la laurisylve laisse peu à peu place à une forêt plus "traditionnelle" qui s'éclaircit enfin pour laisser apparaître les premières maisons de Taganana et ses cultures en terrasses. Possibilité d'un bon repas sur la place de l'église avant de remonter.

 

La laurisylve près de la Casa Forestal

anaga

Ambiance mystique dans la brume

 

***

 

J9 - Où l'on se rend au bout de l'île

 

Pour mon dernier jour à Ténérife, j'ai eu envie, symboliquement, de me rendre au bout de l'île, en son point le plus difficile d'accès : la Punta de Teno. Je l'avais loupée en 2016 et comptais bien me rattraper ! Je suis donc parti de Puerto de la Cruz en roulant vers l'Ouest (passage à proximité de Icod de los Vinos puis de Garachico). Après avoir dépassé Buenavista del Norte, je suis tombé sur un barrage filtrant où je me suis garé. Si vous souhaitez vous rendre à la pointe, sachez en effet que l'accès y est (comme en d'autres endroits) très fortement restreint. Si l'on ne peut que saluer cette politique de préservation de l'environnement, j'ai par contre regretté que le fonctionnement du barrage ne soit pas plus clair : impossible de savoir les jours où il fonctionne (cela change tout le temps), les horaires (idem). Par ailleurs, si vous vous heurtez à ce barrage, on vous indiquera que vous ne pouvez pas passer en véhicule personnel mais que vous pouvez emprunter les bus municipaux. Sauf que pour cela, vous devrez rebrousser chemin jusqu'à Buenavista del Norte. Du coup je me dis : pourquoi ne pas bloquer la circulation plus tôt, à un endroit où il y aurait plus de place pour se stationner et d'où partent les bus ? Un peu agacé, j'ai donc pris l'option qui donne encore le plus de liberté : mes tatanes ! On vous autorisera en effet à passer le barrage à pieds (en dépit du bon sens et de la sécurité puisqu'il y a sur le chemin un long tunnel sans éclairage dans lequel il fait un noir total ; prévoyez une lampe de poche et assurez-vous que l'on vous voit !). Alors bien sûr, une fois engagé sur cette bande d'asphalte dans le Parque rural de Teno, je me suis senti comme seul au monde. En 2 h (temps qu'il m'a fallu pour faire les 8 km jusqu'à la pointe), je n'ai été dépassé que par un bus. A part cela, pas âme qui vive. D'un coté, les montagnes du Teno et leur végétation aride. De l'autre, l'océan. Lorsque je suis enfin arrivé, j'ai atteint un phare en empruntant de jolies passerelles en bois, je me suis assis et j'ai regardé la mer. J'étais arrivé au bout de mon voyage pendant lequel j'ai marché 90 km, suis monté au sommet du Guajara et du Teide (point le plus haut d'Espagne) et tant de choses encore...

 

Les montagnes du Teno et leur végétation aride

La bande d'asphalte

...et le phare

 


Infos pratiques

 

* Pour ce voyage, je suis parti de l'aéroport de Paris Beauvais (BVA). C'est une option dont je n'avais pas l'habitude mais que j'ai fortement appréciée. L'aéroport étant bien plus petit que ceux de Roissy et d'Orly, j'y ai trouvé l'ambiance beaucoup plus détendue. Par ailleurs, j'ai pu y laisser ma voiture en parking longue durée (47 E pour 11 jours) ce qui m'a permis de me garer "au pied des pistes". Super pratique ! 

 

* J'ai volé avec Ryan Air. Rien à redire si ce n'est que la compagnie est encore plus stricte que ses concurrentes Low Cost en ce qui concerne sa politique de bagage cabine. Bien vérifier avant de partir ce à quoi vous avez le droit (ou pas). Tout est en plus.

 

* Le vol pour Ténérife depuis Paris dure 4 h et l'on recule sa montre de 1 h en arrivant.

 

 

* Pour mes déplacements à Ténérife, j'ai loué une voiture chez Sixt (prise en charge et restitution à l'aéroport). Une fois n'est pas coutume, j'ai été très content de cette location : très bon accueil à l'arrivée, bons conseils, pas de vente forcée sur les options et assurances complémentaires (comme j'en ai plusieurs fois été victime, notamment chez Goldcar). Expérience à renouveler.

 

* Les routes à Ténérife, en particulier dans les parcs naturels et les villages, peuvent être très sinueuses et très pentues. Mieux vaut en avoir un peu sous le capot si vous ne voulez pas vous traîner (voire, tomber en panne). A mon arrivée, j'ai payé un petit surclassement pour passer d'une Smart for two à une Clio et je ne l'ai vraiment pas regretté ! Par ailleurs, j'aurais tendance à déconseiller la conduite à Ténérife aux conducteurs peu expérimentés (en dehors des grands axes bien sûr). Certains passages exigent une grande dextérité ! 

 

 

* Comme logement, j'ai d'abord passé une nuit à proximité de l'aéroport Sud (en raison d'une arrivée tardive) puis je n'en ai occupé qu'un pendant toute la durée de mon séjour. L'île est en effet suffisamment petite pour que l'on puisse facilement y rayonner.

 

* Attention : si comme moi vous venez pour un séjour nature, vous devrez absolument loger dans le Nord de l'île (où se trouvent les trois parcs naturels ainsi que les jolies petites villes coloniales). Le Sud de l'île a été affreusement bétonné et cédé au tourisme de masse : à proscrire ! 

 

* J'ai pris, pour ce séjour, un petit studio chez l'habitant (par le biais d'Airbnb) que j'ai trouvé parfait. Vous pouvez en consulter l'annonce ainsi que mon avis détaillé ici.

 

* Si vous n'êtes pas encore inscrits sur Airbnb, n'hésitez pas à le faire via ce lien (vous gagnerez 25 Euros sur votre premier voyage).

 


 

Vols : 222 Euros

Voiture (Sixt) : 198 Euros

Carburant : 50 Euros

Logement : 236 Euros

-------------------------------------------

706 Euros pour un séjour de 1,5 semaines

(hors repas, boissons et activités)

 

 

Sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO :

- le centre historique de La Laguna ;

- le Parque Nacional del Teide.

 



Vous avez aimé cet article ou avez une question ?

>>> N'hésitez pas à me le dire en commentaires <<<

Écrire commentaire

Commentaires: 5
  • #1

    Clément (mardi, 03 décembre 2019 23:51)

    Merci beaucoup pour cet article. Nous envisageons de partir à Tenerife et ton expérience partagée nous aidera à organiser notre séjour. Continue ainsi !

  • #2

    François (voyages et sciences naturelles) (mercredi, 04 décembre 2019 04:03)

    @clement : avec plaisir ! N'hésite pas si tu as des questions. Tenerife est une très belle destination !

  • #3

    Patrice (dimanche, 01 novembre 2020 10:45)

    Je decouvre votre site avec le confinement et l'idée d'une semaine à Tenerife pour le printemps fait son bout de chemin.

    Si vous ne deviez passer qu'une semaine sur place et pas 1.5 semaine, qu'est ce que vous garderiez vous comme randos avec le Teide bien sur?

    Merci.

  • #4

    Maxime (vendredi, 04 février 2022 10:44)

    Bonjour,

    Super article pour préparer son séjour, merci ! De grande qualité !

    Nous avons prévu (avec ma compagne) de monter au Teide en téléphérique le matin, et de redescendre à pied avec pause pique nique. Quel sentier conseillerez-vous pour redescendre ? Montana blanca ou Pico de Viejo (nous ne sommes pas de gros marcheurs) ?

    Merci,

    Maxime

  • #5

    François (voyages et sciences naturelles) (vendredi, 04 février 2022 13:55)

    @maxime : merci pour ton commentaire ! Si vous n'êtes pas de grands marcheurs, je vous conseille de descendre par la Montana Blanca. Des deux sentiers, c'est le plus court (3 h), le moins difficile et vous y croiserez d'autres randonneurs (ce qui peut rassurer). Pour comparaison, le Pico Viejo c'est 4 h 30 de descente avec quelques passages difficiles, un balisage parfois approximatif et peu de monde. Pensez que vous arriverez sur un parking différent de celui où vous aurez posé votre voiture pour prendre le téléphérique. Il faut donc rajouter une 15aine de minutes de marche le long de la route pour retrouver votre voiture. Je vous conseille ensuite d'aller en voiture au parking des Roques de Garcia et d'en faire le tour : c'est la randonnée la plus courte, la plus facile mais aussi une des plus belles à faire. Vous aurez ainsi vu tout le meilleur en 1 journée !
    N'hésite pas à consulter mon autre article sur Tenerife : https://www.voyagesetsciencesnaturelles.fr/tenerife2016/ ou à venir sur Facebook (là où je suis le plus facilement joignable) : https://www.facebook.com/voyagesetsciencesnaturelles
    BON VOYAGE !!!