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Visite au parc zoologique de Vincennes

Texte et photographies : François

 

Depuis que le parc zoologique de Vincennes a rouvert ses portes en avril 2014, j'ai dû m'y rendre à trois ou quatre reprises. Il faut dire que les occasions sont rares sur Paris de se croire, le temps d'une journée, dans une contrée lointaine et sauvage. Ecartons d'emblée le grand débat sur la nécessité de ce type d'établissements. Il me semble que, malgré les arguments que l'on pourra lui opposer, le parc zoologique de Vincennes a su entrer dans l'ère de la modernité : agrandissement de ses espaces, végétalisation importante, attention particulière accordée au confort de ses pensionnaires... Alors oui, tout n'est certainement pas parfait mais quid de l'amour de la nature qu'il saura sans aucun doute insuffler auprès de ses jeunes visiteurs ? Et pour défendre la nature, il faut d'abord l'aimer, la connaître.

 

1. La zone Madagascar (et autres régions tropicales)

 

Au fil de mes visites, j'ai plus ou moins pris l'habitude de toujours commencer par la zone Madagascar. A noter que le parc zoologique se divise en cinq grandes zones dont vous pourrez trouver le plan en cliquant ici. La raison en est toute simple : c'est normalement par ici que la visite se termine ! Si vous faites ce choix, vous aurez donc de fortes chances d'être tranquilles pendant un bon moment. Car oui ! Le point noir du parc zoologique de Vincennes, c'est son succès et sa sur fréquentation qui, certains jours, peuvent tourner au cauchemard. Choisissez bien le jour de votre venue. Si vous en avez la possibilité, privilégiez les heures creuses, en semaine. C'est à mon sens le principal point sur lequel il faut être vigilant. Pour vous orienter vers la zone Madagascar à votre arrivée, il vous suffira, après passage par la billetterie (22 Euros plein sur place par adulte) puis par les tourniquets de ne pas suivre les panneaux "sens de la visite" pointant vers la zone Patagonie mais plutôt de reprendre à rebrousse poil. Hop !

Parmi les animaux de cette zone, vous allez croiser des maki catta, notamment sur l'île des lémuriens. Ce sont les animaux emblématiques de l'île de Madagascar, avec leur queue rayée noire et blanche. Attendez de les voir se blottir les uns contre les autres pour se tenir chaud, la queue en écharpe : ça paye ! Sur le plan zoologique, ce sont des Mammifères appartenant à l'ordre des Primates (caractérisé notamment par la présence d'un pouce opposable). Leur longue queue leur sert notamment d'organe d'équilibre lors de leurs déplacements dans les arbres.

 

Les lémuriens dont le maki catta

 

Ensuite, on arrive à la serre tropicale qui, à mon sens, est l'un des temps forts de la visite. Elle abrite des espèces de la zone Madagascar et d'autres de la zone Guyane et forêt amazonienne. Déjà par sa structure, la serre est impressionnante ! A peine entré, on y plonge dans une atmosphère chaude et humide. Telles des plantes préhistoriques, philodendrons, bananiers et arbres du voyageur créent une végétation exubérante. Certaines espèces vivent ici en "liberté" ce qui participe au plaisir des les observer. Il faut prendre son temps, être curieux, regarder du sol au plafond. Vous pourrez peut-être y apercevoir le paresseux à deux doigts (Choloepus didactylus), Mammifère Xénarthre vivant dans la canopée de la forêt amazonienne. Eloge de la lenteur : il met 48h à s'accoupler et un mois à digérer son repas. Si vous le voyez, ce sera sans doute suspendu à la structure de la serre. Profitez-en pour deviner quelques Chiroptères !

 

Le paresseux (Choloepus didactylus) et une chauve souris

 

Parmi les autres habitants de la serre, on trouve quelques Reptiles d'allure toute aussi préhistorique que celle de la flore. Ainsi, le caméléon panthère surprend par ses changements de couleur (lesquels traduisent plus ses émotions qu'une volonté de se camoufler). L'iguane vert (Iguana iguana), avec sa crête d'épines dorsales, ses griffes acérées et ses écailles lourdes semble tout droit sorti du Jurassique. Si vous avez un enfant amateur de NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), mieux vaut passer cette case de la visite !

 

Le caméléon panthère (en haut) et l'iguane vert (en bas)

 

Et puis la serre tropicale, ce sont aussi les couleurs vives apportées par les nombreux oiseaux. Là encore, certains volent en liberté dans la serre. D'autres sont rassemblés autour d'un point d'eau. On est au milieu d'eux, ce qui est très agréable (attention cependant aux fientes, on n'est jamais à l'abri d'un accident).

 

Quelques oiseaux de la grande serre, de haut en bas et de gauche à droite

ara hyacinthe, échasse américaine, ibis rouge, toucan et spatule rose

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2. La zone Sahel-Soudan

 

Changement de zone, changement de décor. On passe de la végétation luxuriante des tropiques aux plaines arides d'Afrique. La zone Sahel-Soudan est la plus vaste du parc avec ses 4,5 ha. La végétation y consiste en quelques arbres épineux dispersés au milieu d'une terre ocre couverte, par endroits, de graminées. Certains secteurs sont plus arborés mais c'est bien un univers sec et minéral qui domine. Parmi les animaux emblématiques de la savane africaine que l'on peut voir ici, citons les lions de l'Atlas (Panthera leo leo), sous-espèce considérée comme éteinte à l'état sauvage et dont Vincennes conserve un échantillon génétique (avec d'autres zoos européens). Ces Mammifères Carnivores appartiennent à la famille des Félidés et depuis le départ de Néro (atteint d'une grave affection rénale), on peut voir grandir avec plaisir ses lionceaux. A noter que la sous-espèce des lions de l'Atlas est celle que l'on utilisait dans les arènes, au temps des gladiateurs, car c'est celle qui a la plus grande crinière.

 

Les lions de l'Atlas (Panthera leo leo)

 

Outre les prédateurs, la savane africaine possède aussi ses grands herbivores. Parmi ceux présentés à Vincennes, on peut citer : les zèbres de Grévy (Equus grevyi), les rhinocéros blancs (Ceratotherium simum), les koudous... Mais je vous présenterai ici, plus en détails, le groupe des girafes : Giraffa camelopardalis. Ce groupe évolue dans un décor tout à fait étonnant puisqu'il se trouve au pied de l'immense rocher artificiel, véritable signature visuelle du parc. Durant les travaux de restructuration, qui se sont déroulés de 2008 à 2014, les girafes sont les seules à n'avoir pu être déménagées. Ainsi, elles font partie des symboles de Vincennes. Sur le site officiel du parc, on peut lire que le troupeau est actuellement composé de 16 individus parmi lesquels on craquera sur de petits girafons. Sur le plan zoologique, les girafes sont des Mammifères de l'ordre des Artiodactyles. Celui-ci est caractérisé par la présence d'un nombre pair de doigts aux membres et par le passage de l'axe des membres postérieurs entre les doigts III et IV. Dans la nature, les girafes se nourrissent pour l'essentiel de feuilles d'Acacia. Ce dernier, en raison de la forte prédation qui pèse sur lui, a dû développer, au cours de l'évolution, d'incroyables adaptations pour limiter l'arrachage de ses feuilles : défenses mécaniques (épines), chimiques (production de tanins qui empoisonneraient un animal restant trop longtemps sur le même arbre) ou encore biologiques (vie en symbiose avec des fourmis qui, en échange d'un toit, défendent leur arbre hôte en infligeant à ses agresseurs de terribles morsures. Que le meilleur gagne !

 

Les girafes (Giraffa camelopardalis)

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3. La zone Patagonie

 

La Patagonie désigne une région qui s'étend à l'extrémité méridionale de l'Amérique du Sud. Elle se répartit à cheval sur deux pays : Chili et Argentine. Bien qu'il s'agisse de pays chauds, les cotes andines, baignées par l'océan Pacifique, sont parcourues par le courant froid de Humboldt. Leurs rochers sont donc peuplés d'animaux bien adaptés à la rudesse de ce climat comme les otaries à crinière et les manchots de Humboldt (présents à Vincennes). Ces derniers sont des Oiseaux de la famille des Sphéniscidés. Si leurs ailes se sont rigidifiées au cours de l'évolution, ne permettant en aucun cas de voler, ce sont par contre d'excellents nageurs. A Vincennes, on peut d'ailleurs profiter d'une observation en surface par dessus leur bassin et d'une autre au travers d'une vitre subaquatique. Ne manquez pas de voir ces manchots glisser sous l'eau comme des torpilles !

 

Le manchot de Humboldt (Spheniscus humboldti)

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4. La zone Europe

 

La zone Europe est sans doute celle que je connais le moins bien. Je pense que cela est dû à sa situation : en arrière du rocher au fond du parc. Par ailleurs, comme les autres zones, elle s'efforce de reconstituer fidèlement un écosystème : ici, une forêt européenne. Les animaux présentés y sont donc souvent discrets et il est parfois difficile ne serait-ce que de les deviner entre les arbres. Il vous faudra faire preuve de beaucoup de patience si vous voulez les observer (ce qui manque parfois en fin de visite). Pourtant, la zone ne manque pas d'intérêt. A l'arrière du rocher, vous pourrez y découvrir des loutres d'Europe dans un espace avec de nombreux jeux d'eau (cascades, rivières).

 

La loutre d'Europe et ses jeux d'eau

 

Autres pensionnaires : le loup ibérique, le lynx de Scandinavie ou encore le glouton. On peut enfin voir des vautours fauves (Gyps fulvus) dans leur volière. On ne présente plus ces rapaces de près de 2m d'envergure, carnivores charognards, qui nettoient nos montagnes des cadavres et limitent ainsi les risques de propagation des maladies et de pollutions bactériologiques. Leur rôle clef dans les écosystèmes n'est plus à démontrer.

 

Le vautour fauve (Gyps fulvus)

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Sources :

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J'ai aimé

° Le découpage en cinq zones géographiques

° La reconstitution des écosystèmes

° La superbe serre tropicale

° L'observation directe de certains animaux (sans vitres, grillages ou autres)

° Le nombre raisonnable d'espèces présentées (au regard de l'espace disponible)

° L'absence de spectacles (qui transforment d'autres parcs du genre en parcs d'attraction)

J'ai un avis réservé

° L'espace des jaguars qui semble bien petit

Je n'ai pas aimé

° Le monde aux heures de pointes


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